Il n'y a que très peu de coureurs qui remportent leur première victoire professionnelle dès leur première saison dans le grand bain. Victor Guernalec, 25 ans, fait partie de cette minorité. Détendu et souriant, aux côtés de son pote Nicolas Silliau qui n'hésite pas à le charrier entre deux questions, l'ancien coureur de Bourg Ain Cyclisme s'est confié à Cyclisme Ainfo. En pleine préparation pour le Tour de Romandie auquel il prendra part du 29 avril au 4 mai, le Finistérien est revenu sur son arrivée chez Arkéa-B&B-Hôtels et son succès lors de la deuxième étape du Région Pays de la Loire Tour.
Comment se passent vos premiers mois chez les professionnels ?
C’est difficile au début, il y a une différence de niveau, ça surprend. Le placement est différent, l’homogénéité du peloton n’a rien avoir avec le niveau amateur, tout le monde a un gros niveau. On subit plus la course. Cette victoire est inattendue, je ne m’y attendais pas. Je savais que sur le Région Pays de la Loire Tour, il y avait moins de niveau qu’en WorldTour, c’était moins cadenassé et un peu plus ouvert donc j’ai pu en profiter.
Après votre succès, vous aviez dit que le déroulement de la course sur le Région Pays de la Loire Tour ressemblait aux courses amateurs. Qu’est-ce que cela signifie ?
En professionnel, vous avez beaucoup plus une équipe qui roule en tête, avec un rythme constant. Il y a une échappée au début, et après, un tempo s’installe, et ça roule de plus en plus vite avec les kilomètres qui s’enchaînent. Ça laisse moins d’ouverture. Le rythme est hyper soutenu, tout le monde veut être placé, donc les autres équipes s’installent aussi en tête. Hormis les grands champions comme Pogacar, il n’y a pas de place pour des attaques. C’est plus compliqué, on subit constamment.
Il y a quelques mois, vous me disiez que vous rêviez d’une victoire chez les professionnels. C’est maintenant chose faite, qu’avez-vous ressenti en passant la ligne ?
De l’étonnement, je ne m’attendais pas à gagner aussi rapidement, surtout après mes deux trois premiers mois où je n’avais pas pu jouer la victoire. Ça m’a fait tout drôle. Plus je me rapprochais de la ligne, plus que je me disais « mais qu’est-ce qu’il se passe. » Quand j’ai passé la ligne, c’était vraiment de l’étonnement, je n’en revenais pas.
Explique-nous comment vous avez manœuvré dans le dernier kilomètre pour vous imposer.
Le peloton revenait. À la télévision, on a l’impression que ça écrase, mais le dernier kilomètre était assez pentu avec des passages à 6 %, donc un peloton peut vite revenir, surtout dans ce final vent de face. J’avais vu que le peloton était à cinq six secondes, donc j’ai lancé vite. Il y avait déjà eu quelques attaques rapides des autres membres du groupe de tête, dont pas mal du coureur d’Uno-X Mobility (Sakarias Loland), donc je me suis dit qu’il valait mieux tenter, même pour un podium. Quand j’ai lancé, je n’ai pensé qu’à une chose : la victoire. Ça aurait été bête de se faire reprendre sans tenter. Je me suis vite rassis pour trouver un rythme constant et bien gérer mon effort donc ça l’a fait.
Vous avez participé à de belles courses en ce début de saison comme le Tour de Catalogne, Milan San Remo ou l’Amstel Gold Race. Est-ce que vous sentez que votre équipe vous fait confiance ?
L’équipe me faisait assez confiance, même si je sais que je n’ai pas un rôle de leader. C’était prévu que je sois sur le Pays de la Loire Région Tour pour tenter ma chance, mais aussi pour aider l’équipe et prendre confiance. À l’Amstel, on avait Kevin (Vauquelin), je sais que je n’ai pas une place de leader sur ce genre de course. Je sais que sur des Classes 1 ou des ProSeries, j’aurai quelques fois ma chance. Pour l’instant, je joue un rôle d’équipier et ça me va très bien.
Suivez-vous encore Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme ?
Forcément, je suis l’équipe. Par exemple, je suis actuellement avec Nicolas Silliau, je suis invité chez Arthur Meyer pour manger… Je suis l’équipe, je regarde les résultats, et quand je n’ai pas de course et que suis libre le week-end, je regarde le direct sur DirectVélo. La plupart, ce sont mes anciens équipiers, mais je roule encore avec eux.