« Avant, j'avais peur de gagner, mais plus en 2024 » Entretien avec Victor Guernalec
Après des années de galères, Victor Guernalec va enfin passer professionnel. Le coureur originaire de Bretagne va quitter Bourg Ain Cyclisme pour se rapprocher de ses terres en 2025. Il rejoindra le CIC U Nantes Atlantique, une équipe évoluant au niveau continental, où il retrouvera Joris Chaussinand, le deuxième membre du BAC à avoir signé dans la formation française.
« J'ai fait une saison pleine »
Victor Guernalec sur les championnats de France amateurs - Crédit Photo : Freddy Guérin / DirectVélo
Une saison plus que réussie
Avec sept victoires et quinze podiums en 2024, l'Aindinois fait partie des meilleurs amateurs du peloton. « Ma saison est bien réussie. Je m'étais basé sur ce genre de chose l'hiver dernier pendant ma préparation. Je voulais une grosse saison avec des victoires » explique-t-il. « Je me suis libéré directement sur les Boucles du Haut-Var (il a gagné deux étapes.), ça m'a donné de la confiance et ça m'a libéré. J'ai fait un super début de saison jusqu'au championnat de France. Après, j'avais coupé donc je n'avais pas les mêmes résultats, sauf sur Kreizh Breizh Elites où j'ai fait un bon résultat (course 2.2 faisant partie du calendrier Europe Tour où il termine 3e classement général.) ».
Un début en trombe
Il faut dire que le coureur de 24 ans a montré dès le début de la saison qu'il avait des jambes en feu. Avec deux victoires sur les Boucles du Haut-Var en février, le Breton a tout de suite pris de la confiance pour la suite de la saison. Entouré par le collectif du BAC, Victor Guernalec avoue avoir pris du plaisir. « Le début de saison était vraiment sympa. On était toujours ensemble. On a passé une semaine sur les Boucles du Haut-Var, c'étaient des super moments avec l'effectif qui était au complet. On a bien rigolé et pour ma part ça allait bien parce qu'il y avait des résultats ». Le coureur a ensuite enchaîné avec Annemasse-Bellegarde. Cette classique en Elite Nationale faisait partie de ses grands objectifs de ce début de saison. Après 166 kilomètres et plus de 2200 mètres de dénivelé positif, le futur professionnel a réglé au sprint un petit groupe de six. Il s'impose devant Clément Izquierdo, qui rejoindra Cofidis en 2025. « Annemasse-Bellegarde ça a été un beau résultat. Je ne m'étais jamais mis autant une course en tête, mais ça l'a fait donc j'étais super content ».
Les victoires se sont ensuite enchaînées pour Victor Guernalec, qui a levé les bras par la suite sur Arbent-Bourg-Arbent, une course qui se joue à domicile pour Bourg Ain Cyclisme. Pourtant, même si Victor Guernalec a été Aindinois pendant deux saisons, il n'oublie pas d'où il vient. « Kreizh Breizh, j'étais chez moi, en Bretagne, à côté de chez mes parents ». C'est sûrement sur cette course qu'il signe sa meilleure performance. Dans ce peloton rempli d'équipes continentales professionnelles, le Finistérien a signé plusieurs tops 10 sur des étapes, ainsi qu'un podium au classement général. Même s'il n'est pas reparti avec le maillot de leader, Victor Guernalec et son équipe gardent le sourire. « J'ai pris du plaisir même sur les courses que je n'ai pas gagnées. Chaque moment était un bon moment, on revenait avec le sourire à la fin des courses. »
Bourg Ain Cyclisme, le groupe vit bien
Même s'il a moins gagné sur la fin de saison, Victor Guernalec avoue ne pas avoir de frustration. En effet, même lorsque le coureur le plus prolifique du collectif a moins performé, la formation aindinoise a gagné. « On s'est fait plaisir avec toute l'équipe. Joris (Chaussinand) passe aussi professionnel, certains de mes équipiers se sont dévoilés comme Victor Loulergue. Arthur Meyer fait aussi une super fin de saison. Il fait notamment onzième sur le Kreizh Breizh en professionnel. Tout le monde a pu goûter au gâteau » racontait le Finistérien avant d'ajouter « l'année prochaine, ils vont faire une super saison ».
Une signature qui défie les probabilités
Victor Guernalec laisse éclater sa joie après son succès sur Annemasse-Bellegarde - Crédit Photo : Zoé Soullard / DirectVélo
Même si le coureur de 24 ans a été très performant cette saison, cela n'a pas été le cas chaque année. En effet, malgré des nombreuses victoires chez les Cadets et les Juniors, le Breton a été touché par de nombreux pépins physiquement stoppant sa progression. « J'avais des problèmes artériels, le sang ne passait pas dans mes jambes, ou alors mal. En Espoirs, mes gênes au niveau des cuisses se sont accentuées avec le temps. J'ai subi trois opérations. Ma dernière était le 15 décembre 2022. C'est seulement en 2023 que j'ai pu remettre en route ». Une fois ses problèmes derrière lui, Victor Guernalec a enfin pu repartir de l'avant. Une libération physique donc, mais aussi mental, puisqu'il confie avoir repris de la confiance sur son vélo. « Il n'y a parfois pas grand-chose entre faire quatrième et gagner. Il manque parfois cette fraîcheur, cette petite pointe de vitesse et cette confiance. Quand on gagne quelques fois, on stresse et on cafouille moins dans un final raconte-t-il avant de rajouter « Avant, j'avais peur de gagner, mais plus en 2024 ».
Un véritable soulagement
Bien qu'il est souffert de ses problèmes artériels lors de ses années Espoirs, le membre du BAC explique ne jamais avoir perdu de vue son objectif. « C'est vraiment un soulagement de passer professionnel car c'était un rêve depuis tout petit. Même quand j'avais 12 ans et que je n'étais pas fort, je voulais être professionnel ». Cette détermination lui a permis de ne pas lâcher et de continuer à y croire, malgré son âge. En effet, il est très rare de rejoindre le peloton professionnel à cet âge-là, encore plus après avoir eu des problèmes physiques. « Je n'y croyais plus, mais j'avais toujours envie. Quand les jambes sont revenues, j'ai travaillé pour retrouver le niveau que j'avais pour préparer cette saison et être performant cette année ».Même si Victor a eu de nombreuses difficultés lors des dernières années, il a pu compter un soutien de taille, son frère Thibault. Déjà professionnel dans la formation Arkéa-B&B Hotels, l'aîné de la famille l'a alerté et surtout soutenu pendant sa période de galères. « Il voyait ben que quelque chose clochait quand je n'étais pas à mon niveau. Il m'a mis l'alerte, car j'étais un peu mou, je me cherchais des excuses en disant que c'était l'entraînement et que ça allait passer avec le temps » avant de déclarer « Il m'a toujours motivé et ça, c'est cool ».
Nouvelle équipe, nouveau monde et nouveaux objectifs pour Victor Guernalec
Victor Guernalec retrouvera Joris Chaussinand l'année prochaine - Crédit photo : Estelle Pelletier / JSL
L'année prochaine, le Finistérien découvrira le peloton professionnel. Il aura ainsi l'occasion de s'engager sur certaines classes deux et manches de Coupe de France ou il pourrait espérer chercher un beau résultat. Il pourra aussi participer pourquoi pas au Tour de l'Ain, ou aux Boucles de l'Aulne, chez lui à Châteaulin. Bien qu'il ait conscience de la différence de niveau entre les amateurs et les professionnels, Victor Guernalec veut apprendre et acquérir de l'expérience, mais ne cache pas pour autant ses ambitions. « Forcément, je veux découvrir, car je ne connais pas le niveau au-dessus, je ne sais pas encore où me situer. L'objectif sera de performer avec l'équipe, et le jour où j'ai ma carte personnelle, l'objectif serait d'aller chercher un résultat » explique le jeune homme, qui reste cependant réaliste. « Une victoire, je sais que ce sera très très compliqué, donc j'espère me rassurer avec le temps et pourquoi pas gagner une course au long terme, car être pro, mais être seulement un figurant dans le peloton ça ne fait pas rêver. Mais je ne sais pas si c'est réalisable pour le moment ».
Un ami sur qui compter
Pour sa quête de succès, il pourra compter sur Joris Chaussinand, membre de Bourg Ain Cyclisme, qui rejoindra également le CIC U Nantes Atlantique en 2025. Les deux coureurs ont énormément couru ensemble cette année. Ils ont surtout gagné ensemble. « On a une manière de courir qui est très complémentaire, malgré quelques différences. Le fait d'être ensemble ça va le motiver et me motiver » explique Victor Guernalec qui n'hésite pas à faire l'éloge de son équipier. « Joris a beaucoup de marge de progression. Il est plus jeune que moi. ». Les deux amis pourront donc compter l'un sur l'autre pour pourquoi pas, tenter de lever les bras sur une course professionnelle. Une tâche qui s'annonce ardue, mais certains anciens membres du BAC ont réussi déjà cet exploit. Les suiveurs peuvent évidemment penser à Victor Lafay, sur le Giro 2021, et même le Tour de France 2023. De quoi donner des idées à son homonyme.
