Le département de l'Ain possède certaines des plus grandes courses internationales pour les catégories jeunes. Nombreux sont les professionnels qui ont fait leurs armes sur le Tour de l'Ain U17 ou l'Ain Bugey Valromey Tour, considéré comme le « Tour de France U19 » par certains. Parmi eux, Ashlin Barry et Albert Withen Philipsen, qui ont participé ce 13 avril à Paris-Roubaix dans leur catégorie respective. Entretien à l'arrivée avec deux futurs membres du peloton Élites.
Ashlin Barry est né Canadien en 2007 avant d'être naturalisé Américain en 2024. Il s'est révélé en Europe il y a deux ans, sur le Tour de l'Ain U17. Au côté de son équipe EF-Onto, le coureur a remporté une étape et le classement général de l'épreuve en écrasant la concurrence.
Cette année, sur Paris-Roubaix U19, le jeune homme de 17 ans faisait office de favori. Septième l'année passée, il a cependant été surpris par Michiel Mouris, qui s'est détaché dans le dernier kilomètre pour s'imposer en solitaire devant Ashlin Barry qui a réglé le groupe de poursuivants au sprint. Il s'est confié à notre micro à l'arrivée.
Ashlin Barry, deuxième de Paris-Roubaix U19 - Crédit Photo : titzzz.pics
Les pavés étaient mouillés, comment vous êtes-vous senti dessus ?
Je me sentais fort, mais les pavés étaient mouillés. Plusieurs fois, j'ai glissé, mais heureusement, je suis resté sur mon vélo et ne suis pas tombé, je n'ai pas eu de malchance comme des problèmes mécaniques ou des crevaisons.
Vous avez attaqué à plusieurs reprises, comment étaient tes jambes ?
Je me sentais bien. J'ai essayé de faire des différences, mais il n'y avait pas beaucoup de coureurs qui étaient motivés pour sortir du groupe. Tout le monde courrait de manière défensive. Je me sentais fort et j'ai effectué une superbe fin de course, mais malheureusement un coureur s'est échappé.
Il y avait beaucoup de vent aujourd'hui, est-ce qu'il a joué un rôle ?
Honnêtement pas tellement parce que les routes du parcours tournaient dans tous les sens donc il venait de différentes directions pendant la course. J'ai eu l'impression que c'était surtout un vent de face sur les secteurs pavés les plus compliqués comme Mons-en-Pévèle par exemple, donc il a joué un rôle, mais pas tant que ça.
L'année dernière, vous terminiez septième, cette année deuxième, quel est votre ressenti après la course ?
Honnêtement je suis très satisfait de la manière dont j'ai couru. Je pensais que j'ai fait une très belle course, c'est juste dommage qu'un coureur se soit détaché dans le final. C'était tactique, personne n'était dans sa roue quand il a gagné, parce que personne ne voulait faire de gros efforts pour le rattraper. Cette année, je me suis vraiment senti en contrôle, ça m'a aidé de connaître les routes pour faire une belle course.
En 2026 vous seriez professionnel dans l'équipe de développement de Visma-Lease a Bike, est-ce que Paris-Roubaix sera toujours un objectif pour toi ?
Oui sans aucun doute. Je serai dans l'équipe de développement en 2026 donc j'espère pouvoir faire la course U23 et pourquoi pas faire la course professionnelle en 2027 ou 2028 ça serait cool.
Champion du monde juniors sur route et en VTT, mais aussi champion du Danemark en VTT, sur route, sur le chrono et en cyclo-cross en 2024, Albert Philipsen est le type de coureur capable de s'imposer sur tout les terrains. Il a aussi remporté l'année dernière l'Ain Bugey Valromey Tour devant Paul Seixas. Tout comme le Français, il est passé professionnel à 18 ans. Sous les couleurs de Lidl-Trek, il s'est imposé sur Paris-Roubaix U23 devant son équipier Jakob Söderqvist.
La joie d'Albert Philipsen et de son équipier Jakob Söderqvist lors de leur victoire sur Paris-Roubaix U23 - Crédit Photo : titzzz.pics
Quel est ton ressenti après cette victoire avec Jakob ?
C'est incroyable, c'était un jour spécial. Pas le plus facile, je suis tombé au début de la course et j'ai mis du temps à rentrer. A ce moment-là, j'ai cru que ma course était finie, donc je suis super content d'être là avec le pavé de la victoire dans ma main.
L'année dernière, vous avez terminé quatrième chez les juniors, est-ce que vous y avez réfléchi dans les derniers kilomètres ?
Honnêtement, je n'y ai pas pensé. C'était une journée difficile, je pensais juste au moment présent.
Qu'est-ce qu'il s'est passé dans votre tête quand vous êtes rentré en tête sur le vélodrome avec Jakob ?
C'est spécial de gagner une course comme celle-là, encore plus lorsque l'on partage cette émotion avec son équipier. Jakob est un gars incroyable, et je suis super heureux de partager cette victoire avec lui. j'ai attaqué en premier et Jakob était super fort pour réussir à rentrer sur moi. Ensuite, on a roulé ensemble jusqu'au bout, on a pas vraiment réfléchi pour savoir qui allait gagner.
Vous avez énormément de qualités, qu'est ce que vous préférez dans le cyclisme ?
Je n'ai pas encore décidé quel type de coureur je voulais être. Je veux découvrir différentes courses et voir comment mon corps se développe.
Vous n'avez pas de problèmes avec la pression ? Car vous êtes déjà un grand nom.
Non, je suis la personne qui met le plus de pression sur moi donc ce n'est pas un problème. L'équipe me soutient énormément, donc je me sens super bien sur ce début d'année.
Quand tu vois des coureurs comme Pogacar qui ont gagné le Tour de France, le Tour de Lombardie, qui s'aligne sur Paris-Roubaix pour tenter de le gagner, est-ce que vous pensez que vous pourrez être un de ces coureurs capables de tout gagner dans ta carrière ?
Tout le monde espère cela, mais je ne veux pas me comparer avec d'autres coureurs. Je veux juste être moi-même et voir ce que cela donne.
Qu'est-ce que représente Paris-Roubaix pour vous ?
Je pense que c'est l'une des courses les plus brutales de l'année. On a rapidement une relation d'amour et de haine avec elle. C'est si dur mais si beau en même temps.
Comment vous êtes-vous senti avec tout le public sur le bord des routes ?
C'est vraiment spécial, déjà chez les juniors, c'est la première course où l'on a cette ambiance incroyable. On l'a aussi eu cette année chez les U23, cela rend l'expérience encore plus agréable.